samedi 7 janvier 2017

associations contre marchands et les chevaux dans tout ça ?

Suite de l'article des marchands qu'on adore détester et de l'histoire de Pompon

Il est fort possible que vous me détestiez quand vous serez arrivé à la fin de cet article. Je mets un fois de plus en avant mon pragmatisme avec dans l'idée du plus grand bien de tous les chevaux qui souffrent et non pas l'individu cheval, celui qui nous tient à coeur.
A titre purement informatif, je sauve , sur mes deniers personnels et sous aucun statut associatif une dizaine de chevaux par an. Les 'gagnants du Lotto' qui ont croisé ma route quand j'avais justement une place de libre. C'est une goutte d'eau dans la mer, c'est rien du tout, c'est mon besoin à moi de faire quelque chose de bien, ça ne contribue en aucun cas à une solution plus générale.

Quels sont ces chevaux pointés du doigt ?
60 chevaux saisis par ci, 30 saisis par là, des articles dans une certaine presse un petit passage à la télé, certains marchands de chevaux ont bien du souci à se faire avec toutes ces bonnes âmes bien pensantes, aiguillonnées par les associations et souvent peu au courant des besoins essentiels des chevaux, du prix de leur entretien et de la problématique des chevaux exclus de la chaine alimentaire dont plus personne ne veut.

Ces marchands ont souvent un grand nombre de chevaux (une centaine ou plus).
Ces chevaux sont généralement dans un état peu reluisant, je le concède et ces chevaux sont généralement maintenus 'en prairie' (ou ce qui en tient lieu) au vu et au su de tous et surtout des âmes charitables qui s'offusquent.

Avoir un cheval au dos un peu creux, avec des difficultés à se déplacer et au poil hirsute, quand il vit au milieu d'autres chevaux en parfait état c'est assez facile à justifier: que voulez vous ma bonne dame il est vieux et il a de l'arthrose mais on le garde car il profite encore de la vie. Fin de la discussion.

Un cheval clairement sous-alimenté, aux pieds trop longs dont les propriétaires n'ont pas réagi au semonces de la police et à la demande de 'mise en ordre' de la part des association (il s'écoule généralement plusieurs mois (sinon des années) entre signalement d'un cas de maltraitance et la mise en route d'une réelle procédure) le BEA (service fédéral du Bien être Animal) finit par décider de la saisie de l'animal qu'il confie alors à un refuge (qui trouvera bien une petite place pour ce brave cheval et ça lui fait un petit coup de projecteur pour se faire rappeler à la mémoire de ceux qui les ont oubliés).

Mais quand on est face à un troupeau composé pour moitié de vieux chevaux et d'une autre moitié de traine misère mal entretenus pendant des années on fait quoi ? On crie au scandale et on pointe du doigt ces affreux marchands qui laissent leurs animaux crever de faim, de froid, de soif etc ...


Il faut bien se dire que les marchands n'achètent pas les 100 chevaux présents en une seule fois et qu'ils ne les gardent sûrement pas non plus pendant des années pour le seul plaisir de les laisser crever de faim et de misère. Le but d'un marchand (comme de tout commerçant) c'est de faire du profit avec les biens qu'il achète et revend.
Les 'bons chevaux', les jeunes, en bel état avec un bon caractère ne restent généralement que quelques heures ou quelques jours chez le marchand, vite achetés, vite vendus, c'est eux qui font tourner le commerce il est donc parfaitement normal de n'en voir que peu ou pas du tout dans ces 'prairies' qui servent généralement de lieu de 'stockage' pour les difficiles à vendre.

Il faut savoir aussi que ces marchands achètent souvent en 'lot', il leur est facile de refuser le vieux cheval exclu de la chaine alimentaire présenté par un particulier qui veut s'en débarrasser, il est beaucoup plus compliqué de refuser les 2 maigres dans le lot de 10 présentés par un 'bon client'. Le marchand sait qu'il vendra les 8 en bon état, rapidement avec profit et les 2 autres, ben ...euhhh on verra bien ... le vendeur était formel, c'est le lot entier ou c'est rien du tout.
En attendant on stocke dans la prairie des 'invendables' en espérant qu'ils reprennent du poids et de l'état ou qu'on pourra les refourguer à quelqu'un d'autre dans un autre lot.

Il y a aussi des chevaux qui viennent de France où l'équarissage coûte plusieurs centaines d'euros. Les propriétaires sont bien conscients que le cheval est au bout du rouleau mais si on leur dit qu'il existe une 'combine' pour que tout ça soit gratuit ils signent des 2 mains sans se poser plus de questions.

Les propriétaires indélicats qui ont déjà été sermonés plusieurs fois pour le mauvais état de leur chevaux finissent par les 'refourguer' à un marchand, plus de cheval, plus de problème avec les voisins et les forces de l'ordre.

Sans compter tous les chevaux 'cassés' des 'professionnels', les vieux chevaux de manège, les reproducteurs/trice qui ne reproduisent plus etc etc

Et voilà comment on en vient à saisir plusieurs dizaines de chevaux chez un même marchand.
Soyons clair et honnête, dans les saisis il n'y en a généralement que 10% qui mériteraient réellement de l'être (càd qu'on aurait saisi si ils avaient été chez un particulier) mais il faut faire un exemple, il faut décourager ces 'salopards de marchands' d'avoir encore des chevaux dans un tel état dans leurs prairies. Comme si, en fermant les casses de voitures, on limitait les accidents.

Des chevaux foutus et maltraités il y en aura toujours, en mettant des bâtons dans les roues des marchands on ne fera que déplacer ou cacher le problème. Les chevaux seront cachés dans les hangars, entassés, dans une promiscuité qui ne pourra que provoquer des bagarres et des accidents, les moins forts écrasés par les plus costauds dans un combat pour survivre.

Quelles solutions ?

Faire un combat contre l'hippophagie c'est se tromper de combat. De nos jours le bon cheval de boucherie est rare et cher et la consommation générale est de toute façon en baisse. La plus grande partie de la viande chevaline est importée d'Amérique du Sud.

Faire la guerre aux marchands de misère n'est pas une option non plus. Ils ne sont qu'une vitrine involontaire de ce que le monde équestre a osé faire aux chevaux. Ce n'est pas eux qui les ont mis dans cet état, ils n'ont fait que récupérer ce dont personne ne voulait plus.

Donner au cheval un statut d'animal de compagnie ? Ridicule. En l'excluant de la CA nous en faisons de facto un animal de compagnie puisqu'on ne peut plus le manger. Est-ce pcq on ne mange pas les chiens et les chats que leur vie est plus belle ?

Etendre encore les refuges, eux qui n'ont jamais de place pour accueillir tous les Pompons de la terre ... oui sûrement, dans le monde idéal des Bisounours mais surtout changer leur mode de fonctionnement et le rendre plus proche des refuges chiens/chats qui sont souvent obligés d'euthanasier à tour de bras les 'incasables' afin de faire de la place pour l'arrivée des suivants. Car refuser un chien sous prétexte que 'chez nous on n'euthanasie pas' c'est remballer la patate chaude au voisin, c'est prendre le risque que le chien se fasse écraser, provoque un accident et crève de misère dans un fossé. De même garder un cheval rescapé alors qu'on sait pertinemment que jamais personne ne viendra l'adopter c'est les envoyer sciemment dans un de ces mouroirs à ciel ouvert chez les marchands. Il devrait y avoir au moins 1 refuge pour chevaux qui les accepte tous, leur donne une chance d'être adopté et les envoie au paradis si définitivement personne n'en veut. Les refuges sont aussi coupables de la situation que les marchands qu'ils aiment pointer du doigt.

Je demande aux vétérinaires aussi d'être honnêtes envers leurs clients et d'accepter les euthanasies de convenance. De leur dire que personne ne voudra jamais de Pompon et que, si ils veulent vraiment s'en séparer, mieux vaudrait l'euthanasier même s'il pourrait encore vivre quelques années heureuses en prairie, pcq si eux ne veulent pas dépenser d'argent pour son entretien alors qu'ils ont profité de ses meilleures années personne ne le fera.

Et comme ces mesures seront largement insuffisante il faudrait une adaptation de la reglementation sur l'exclusion de la chaîne alimentaire. Quoi ? Je suis en train de dire qu'il faut envoyer les chevaux à l'abattoir ? Ben oui, pcq pire que la mort il y a la souffrance. Pcq d'une façon ou d'une autre les répudiés du monde équestre seront abattus et mangés, pcq il n'y aura jamais assez de place pour tous les recueillir, ni assez d'argent pour tous les entretenir.
Que ce soit une autorisation d'utiliser cette viande dans le pet food, exiger une prise de sang pour chaque cheval afin de tester sa non dangerosité pour le consommateur ou de créer un 'sas sanitaire' de 6 mois pendant lequel le cheval ne recevra aucune médication interdite sous surveillance stricte il vaut mieux garder un oeil sur ce qui se passe que de laisser disparaître 20.000 chevaux 'dans la nature'. Car le danger il est là, tant pour la santé des consommateurs (humains et animaux) de la viande de cheval que pour les chevaux eux même. Qu'à force de répression sur ce qui se voit on amène le problème dans des eaux tellement profondes qu'on arrive plus à le repérer et ce n'est pas pcq on ne voit plus le problème qu'il n'existe plus.

Quand Pompon se fait vieux



La base du problème, un peu d'histoire

La SPA française a été créée avant tout, et dans des temps assez reculés, pour venir en aide aux chevaux de travail qui s'écroulaient de fatigue et de vieillesse entre les brancards. Ils ont milité pour les boucheries chevalines afin que les chevaux de travail ne soient pas épuisés à la tâche jusqu'au bout.

M'enfin 'NON UN CHEVAL CA NE SE MANGE PAS', qui n'a pas repris ce slogan, collé l'autocollant sur sa voiture ou partagé sur sa page FB 'le cheval est mon ami et je ne mange pas mes amis' et pourtant ... pourtant la viande de cheval représente 0,4% de la consommation carnée en général, autrement dit rien du tout, en tout cas pas de quoi en faire de telles campagnes.
Le cheval partage avec le lapin ce statut battard d'animal de compagnie et de consommation. Il porte en lui, contrairement au lapin, tout une fantasmagorie de puissance, de force maitrisée et de noblesse. Même les gens qui n'ont jamais fréquenté un cheval de près sont sensible au sort de ces pauvres malheureux envoyés à la boucherie en ignorant tout des frais et de l'infrastructure nécessaire pour l'entretien d'un cheval au quotidien.

J'ai connu le temps de la 'Place de la Duchesse'. Une place en plein centre d'un quartier déshérité de Bruxelles, pavée et traversée par le tram. Tous les vendredis matins une centaine de chevaux y étais amenés, tous les invendus et invendables des marchands y étaient soit échangés soit vendus à la boucherie, même les chevaux réformés de la gendarmerie y étaient vendus (pour très cher) à la boucherie.
J'ai vu dans cet endroit des chevaux blessés, qui 'pissaient le sang', des tremblants de fièvre, des gourmeux, des vieux, des gros fourbus, des maigres qui tenaient à peine encore debout. Une vrai cour des miracles. On raconte même qu'un professeur de l'école vétérinaire toute proche y amenait ses élèves pour leur montrer et expliquer les cas extrêmes qu'ils ne verraient nulle part ailleurs.
Et pourtant ce festival des horreurs avait son 'utilité' en débarrassant la terre de ces chevaux devenus déchets et dont personne ne voudrait jamais.

Le marché a déménagé à Anderlecht, dans un espace couvert et quelques reglementations bien démagogiques de "bien être animal". Mais l'idée était toujours la même, le cheval invendable avait toujours une valeur à la boucherie. Et cette idée continue à persister dans la tête des gens qui veulent 'sauver un cheval de la boucherie' comme si c'était l'acte le plus ignoble qu'on pouvait commettre face à la plus noble conquête de l'homme.

En 2009 une règlementation européenne est entrée en vigueur qui a absolument tout changé. Les chevaux devaient être identifiés à l'aide d'une puce (transpondeur électronique reprenant les coordonnées de l'animal) et être inclus dans la chaine alimentaire (càd être médicalement assez sain pour être consommé par les humains et les animaux de compagnie).
On a berné dans les grandes longueurs les propriétaires bien pensants en leur disant que la 'puce' permettrait de retrouver plus facilement un cheval volé ou perdu et surtout on leur a fait croire que le fait d'exclure le cheval de la chaine alimentaire (CA) permettait de protéger celui-ci de cette horreur qu'est l'abattoir et cette légende urbaine persiste. En remettant Pompon, exclu de la CA au marchand auquel on a acheté Black Beauty on se dit qu'il ne peut 'rien lui arriver' puisqu'il ne peut pas aller à l'abattoir.

Coupons la tête aux légendes urbaines concernant la puce

J'en ai lu des conneries sur la toile à ce sujet donc remettons les choses au clair une fois pour toute.

- un cheval exclu de la CA ne peut pas être abattu et consommé dans aucun état de la Communauté Européenne, ni pour les humains, ni pour le pet food (animaux de compagnie) à l'exception des animaux dans les zoo et certains élevages de poissons qui n'offrent des débouchés que hautement anecdotiques. Si un cheval exclu rentre dans un abattoir, il en sort mort de toute façon mais envoyé à l'équarissage avec la perte de sèche de sa valeur en viande pour celui qui l'y a vendu § les frais d'abattage et d'équarissage.
- Pour exclure un cheval de la CA il y a plusieurs moyens:
- Sont d'office exclus :
-les chevaux nés après 2009 et n'ayant pas été identifiés dans l'année de leur naissance ou au plus tard dans les 6 mois après leur naissance (donc le cheval de 5 ans qui n'a pas de puce mais qu'on va 'remettre en ordre' pour l'abattoir et pour lequel on lance un appel de sauvetage à la boucherie c'est une SUPERCHERIE)
-les chevaux munis d'un duplicata de passeport (cachet gros et rouge apposé sur les papiers), peu importe l'année de naissance et le studbook
- les chevaux dont le feuillet médicamenteux a été complété dans le passeport par un vétérinaire qui a administré un produit qui exclut à vie un cheval de la CA (par exemple l'équipalazone que tous les Pompons d'Europe ont au moins avalé une fois dans leur vie, mais ça on ne le dit pas)
- les chevaux munis de plusieurs puces
- les chevaux importés d'un autre pays membre et non dotés de leurs documents d'importation
- le choix du propriétaire d'exclure son cheval par principe éthique (cette option est rendue de plus en plus compliquée car ce choix est irréversible et le naisseur de Pompon n'est généralement pas le même propriétaire quand il sera au bout du rouleau qui pourrait décider de l'envoyer à l'abattoir).

Vous l'aurez compris, les chevaux abattables et consommables sont réduits à une portion congrue et le 'bon' cheval de boucherie en ordre de tout, même vieux et même boiteux vaut beaucoup plus à la boucherie que dans le commerce classique.

Les marchands doivent donc tenter de trouver une solution pour tous les Pompons exclus de CA et invendables dans un circuit classique et qui leur tombent sur les bras (faut bien faire marcher le commerce).
tordons encore le cou à quelques autres légendes urbaines:
- la puce, dans l'encolure du cheval est quasi indestructible donc il est faux de croire qu'il yaka fokon rendre la puce illisible pour en injecter une autre qui sera 'bonne'. Comme on l'a vu un cheval doublement pucé est exclus d'office et un cheval identifié après ses 6 mois est exclu aussi.
- sortir la puce de l'encolure pour en mettre une autre est tout aussi légendaire (même histoire d'identification après 6 mois) car chercher une puce n'est pas si simple que ça, autant chercher une aiguille dans une botte de foin et il faudrait léser le muscle qui soutient l'encolure et donc la tête du cheval qui serait incapable de lever la tête, ça se verrait à des km à la ronde.
- modifier les données contenues dans la puce est tout aussi impossible, l'exclusion n'étant pas repris dans la puce elle même mais bien dans le document d'accompagnement du cheval. La vérification du numéro de puce et du document d'accompagnement est systématique à l'entrée de l'abattoir.

Les seules solutions envisageables pour se débarrasser de Pompon quand on est marchand c'est de connaître quequ'un qui connait quelqu'un etc 'spécialisé dans la télétransportation' (20.000 chevaux ont disparu en Europe, évaporés quelque part dans l'espace spacio-temporel, avalés par un trou noir ou que sais-je) ou l'exportation vers un pays tiers qui n'applique pas les normes européennes. En tout cas son chemin de croix sera encore plus long et plus éprouvant que s'il avait été 'simplement' abattu et mis sous cellophane.

Des solutions pour Pompon

on l'aura compris, ne pas garder Pompon pour des raisons X , Y ou Z sera pour lui lourd de conséquences alors on arrête de croire au Père Noël , on sort du monde des Bisounours et on regarde la réalité en face. Si malgré tout il vous est réellement impossible de garder Pompon pour des raisons qui vous sont propre et incontournables voici comment ça va se passer :

- vous allez d'abord essayer de le vendre, pcq il est si gentil et peut encore faire le tour du bloc au pas un dimanche sur 4. Vous en parlez autour de vous, tout le monde vous répond 'si j'entends quelque chose je te tiens au courant, c'est tellement dommage que tu doives t'en séparer', c'est tellement plus facile que de vous dire la vérité en face. Le temps passe, personne n'entend parler de rien.
- vous allez vouloir le placer dans un refuge, c'est bien les refuges, ils les soignent bien là=bas et puis ils ont plus de temps que vous 'pour s'en occuper comme il le mérite' (bon sang combien de fois je l'ai lue ou entendue cette phrase !). Et puis vous avez donné 5€ au refuge la dernière fois qu'ils ont fait un sauvetage, ils peuvent bien faire quelque chose pour vous. Mais vous avez beau téléphoner, envoyer des mails, appeler au secours la réponse est la même partout: on est complets mais son on entend parler de quelque chose ... l'air vous semble connu et pour cause ...
- vous allez mettre des annonces un peu partout, 'gentil cheval à donner pour cause de manque de temps'. Au début vous allez annoncer qu'il a 17 ans et est naviculaire, par manque de réactions vous passerez ces 'détails' sous silence ne mettant plus l'accent que sur sa gentillesse. Là de deux choses l'une, soit vous restez fidèle à votre éthique en vérifiant si les gens qui vous contactent sont réellement dignes de confiance, soit, en désespoir de cause vous laissez partir Pompon avec le premier qui en veut bien et vous raconte une belle histoire. Soit un ado désargenté qui rêve d'un cheval et s'imagine qu'il va pouvoir trouver un cheval gratuit sur internet qui sera son meilleur ami pcq il n'a pas d'ambitions de compétition et ne veut faire que du 'loisir' (inutile de vous dire que ce candidat est à fuir, il n'a pas les moyens d'entretenir le cheval, il risque de le monter même boiteux pcq 'il boite mais n'a pas mal' et en tout cas finira par s'en débarrasser car il a changé de centre d'intérêt ou s'est tout simplement rendu compte que 'ça n'allait pas le faire'), soit un beau parleur qui vous racontera que Pompon servira juste de compagnie et de tonton pour ses poulains, qu'il a trop d'herbe etc etc ...quand vous demanderez de rendre visite à Pompon on vous annoncera qu'il vient de mourir et qu'on est vraiment triste car il était si gentil ... la télétransportation a encore de beaux jours devant elle.
Bref vous n'arriverez pas à trouver une bonne place pour Pompon et soit vous jetez l'éponge en le laissant partir avec le premier venu en toute connaissance de cause soit vous décidez d'agir en propriétaire responsable et de faire euthanasier Pompon pcq vous n'avez vraiment pas de possibilité pour le garder et pcq sa vie risque d'être un cauchemar si vous vous en défaites.
Et là, dans plus de 90% de cas vous allez vous heurter à un refus catégorique du vétérinaire qui a fait de belles études pour soigner des animaux et non pas pour leur ôter la vie si ce n'est pas pour abréger ses souffrances. A se demander si ces vétos ont un jour mis les pieds chez un marchand de chevaux ... mais l'euthanasie de complaisance est décriée tant par les amis des animaux que par les vétérinaires comme l'a été en des temps révolus l'avortement. Est-ce vraiment tellement anti-éthique d'enlever la vie à un animal qui a un pourcentage de chance proche de zéro d'avoir une belle fin de vie ? Faut=il absolument le maintenir en vie sous prétexte qu'il ne souffre pas (encore) et nier aveuglément les cours des miracles de télétransporteurs. Ils espèrent quoi ? que le propriétaire va se 'reprendre' et garder son cheval jusqu'au bout ? Qu'il y a réellement une solution acceptable pour Pompon ? ou juste protéger leur sensibilité personnelle et fermer les yeux sur la réalité pour s'en protéger ?

Bref je vous souhaite à tous et toutes d'avoir assez de place, de temps et d'argent pour pouvoir garder votre Pompon même si Black Beauty a pris la relève au niveau sportif. Vous aurez trouvé de la compagnie pour Black Beauty en la personne de ce gentil Pompon qui vous a tant donné.

vendredi 6 janvier 2017

ces marchands de chevaux qu'on adore détester

Une fois de plus je vais vous parler de la Belgique. Non parce que 'c'est arrivé près de chez vous' ou 'it could only happen in Belgium' mais pcq le but de ce blog est de parler de choses que je connais de ne pas me baser sur des 'on dit' justement pcq la désinformation orchestrée par les associations et relayée par une certaine presse commencent à me sortir par les oreilles. Justement pcq je connais le terrain, que j'ai les pieds dans le fumier de la misère équine depuis 30 ans et ... que je vis dans cette 'plaque tournante bananière' qu'est la Belgique aux yeux de certains français bien pensants. Rien ne vous empêche d'aller sur le terrain ailleurs pour vous rendre compte que c'est probablement exactement la même chose ailleurs, seulement je ne l'ai pas vu, alors je n'en parle pas.

Pour l'instant 3 marchands de chevaux sont dans le collimateur des associations, c'est évidemment plus facile de reprocher à 3 personnes toute la misère du monde que d'aller voir dans chaque recoin sombre de chaque grange si un cheval malheureux ne s'y trouve pas.

Un marchand de chevauxC'est comme un marchand de voitures, certains vous proposent du 'haut de gamme, des garanties et un travail sérieux, d'autres 'chipottent' dans le pas cher et vous font miroiter le champagne au prix de la limonade. Ils sont tous professionnels du monde du cheval, chacun à sa manière. Certains n'ont que peu de chevaux, triés sur le volet pour leurs qualités et testés sous toutes leurs coutures. Ils logent leurs précieux équidés dans une écurie bien propre, les chevaux ont tous les soins nécessaires car chacun représente son pesant de cacahuète. Le but de chaque marchand c'est de se faire du fric, de vivre de son commerce, d'une façon ou d'une autre. C'est normal, c'est légal.

Mais même le marchand 'haut de gamme' peut vous reprendre votre cheval précédent, comme le concessionnaire reprend votre ancienne voiture. C'est un fait, c'est normal, c'est légal. Vous savez très bien que votre vieille voiture, toute cabossée qui démarre un jour sur 10 et dont l'embrayage patine, dotée de plus de 300.000km au compteur, elle ne va pas se retrouver dans le show room du concessionnaire. Elle va partir à la casse, pour pièces, en Afrique ou ailleurs. Mais on ce n'est qu'une voiture, sans âme et sans sentiments donc vous n'en faite pas trop non plus. Mais votre Pompon, naviculaire de 17 ans vous croyez vraiment que quelqu'un va aller chez un marchand haut de gamme pour l'acheter ? Ou que le marchand va même le garder et l'entretenir dans ses belles installations ? Bien sûr que non, au fond vous le savez bien mais vous ne voulez pas trop y penser et le marchand vous dira qu'il y a souvent des gens qui passent chez lui pour trouver un cheval de compagnie et qu'il n'aura aucun mal à lui trouver une belle place ne prairie. Et donc vous partez rassuré, remplaçant Pompon par Black Beauty qui vous permettra de progresser et de flâter votre ego en concours.

Pendant ce temps Pompon ira grossir les rangs des marchands à petit prix. Fini les box paillés, les soins etc, il est un parmi tant d'autres, un enième cassé sur lequel le marchand va devoir gagner sa vie. Et pour gagner sa vie il faut que Pompon coûte le moins possible et rapporte vite et bien. S'il est brave et pas (trop) boiteux il ira faire quelques mois comme cheval de manège (vous savez les manèges où on vous incite à aller plutôt que de mettre vos enfants sur les poneys de foire), qui pendant les périodes de stages ont besoin d'un cheval de plus pour assurer une monture à tous les enfants, ou il ira faire une saison à la mer ou en Ardenne, chez les loueurs d'équidés qui ne s'inquiètent ni de votre niveau ni de ce que vous allez faire avec l cheval pendant l'heure que vous avez payé pour pouvoir le monter. De toute façon, à la fin, il retourne à la case départ, càd le marchand qui finira par l'envoyer sous cellophane, quand c'est foutu c'est foutu on va pas commencer à faire des frais. Pompon est 'sinistre total' (pour reprendre la parabole de la voiture) ça coûterait bcp plus cher pour le réparer que pour l'envoyer à la casse.

Et non le marchand ne va pas faire venir le maréchal ferrant pour lui parer les pieds, le vétérinaire pcq il est boiteux (surtout que la plupart des produits anti-inflammatoires habituels excluent le cheval de la chaine alimentaire). Il va le nourrir au moins cher tout en étant hyper calorique pour le 'gonfler' artifiellement afin d'en retirer plus à la boucherie. Et si les intestins de Pompon sont un peu fragiles et qu'il ne supporte pas cette nouvelle nourriture, tant pis s'il crève de colique, le prix du véto appelé en pleine nuit est bien plus élevé que le bénéfice escompté. Un commerçant ne peut pas vendre à perte, c'est normal, c'est légal (ou illégal si on perd des sous dans son commerce en faisant des dépenses somptuaires). Il serait donc anormal qu'un marchand fasse plus de frais sur sa 'marchandise' que ce qu'elle lui rapporte. ça vous semble logique pour n'importe quel produit sauf s'il s'agit d'un cheval.
Il est évident que le marchand 'au rabais' n'aime pas les chevaux, il n'est ni anormal ni illégal de ne pas aimer les chevaux ou tout autre animal. Ces gens là ne sont pas devenus marchands par amour du cheval, c'est soit une tradition familiale, soit une ferme 'recyclée' ou un marchand de bêtes qui est passé aux chevaux pcq les vaches, les moutons ou les cochons ne rapportent plus autant qu'avant. Bref on ne choisit pas ce métier, on tombe dedans.

Les associations ont donc décidé de faire la guerre aux marchands de 'bas étage', ceux qui reprennent les chevaux dont plus personne ne veut et les entassent plutôt mal que bien dans des infrastructures souvent sordides. Sordides pour vous sûrement, vous qui aimez les chevaux, mais bien souvent pas plus sordide que ne sont entretenues les vaches, les cochons ou les poulets tout au long de l'année sans que personne ne s'en émeuve outre mesure.
Voilà donc pourquoi ni l'afsca, ni le bien être animal ne trouvent généralement grand chose à redire à ces marchands. Ils ont une facture qui prouve que le cheval maigre et blessé vient d'arriver, ce n'est donc pas lui qui l'a mis dans cet état. Les box ou hangars ressemblent à tous les hangars de marchands de bêtes (ah, vous n'avez jamais été chez un marchand de bêtes ... ?) On rajoute de la paille sur le fumier et on vide tout au tracteur une fois que la stabulation a été vidée de ses occupants ... c'est comme ça, c'est normal, c'est légal ...

Dites vous bien que tous ces chevaux en sale état qui se retrouvent chez ces marchands qu'on adore détester ce sont tous les pompons dont un jour leur propriétaire n'a plus voulu.
Ces chevaux 'non désirés' (unwanted) pcq vieux, boiteux, présentant des frais vétérinaires prohibitifs qu'on n'a pas les moyens ou l'envie de faire ... usés jusqu'à la trame ou 'oubliés' en prairie lorsqu'ils étaient poulains et devenus totalement ingérables et non commercialisables.
Et NON, personne ne veut acheter ce genre de chevaux, il suffit de voir les commentaires sur FB aaahhh si j'avais la place, aaahhh si j'avais l'argent ... entretemps ces chevaux terminent là pcq aaahhh on n'a ni place ni argent. (to be continued ...)