mardi 27 décembre 2016

et si on ouvrait un refuge pour chevaux (histoire belge)

La question que je me suis posé c'est: mais qu'est-ce qui pousse donc une personne lambda à ouvrir un refuge pour chevaux. Depuis 30 ans que je traîne mes guêtres dans ce milieu je pense connaître quasiment tous les refuges de Belgique et suivi pas mal de créations , succès, périclitation et longévité ou feux de paille de ces entreprises. Je vais utiliser le mot 'refuge' au sens premier du terme càd un lieu où les chevaux mal en point peuvent trouver, repos, amour, soins et paix. Je sais qu'en Belgique le terme refuge ne peut s'utiliser que pour les asbl qui se sont fait agréer par le ministère mais cet agréement n'est qu'une formalité administrative et en aucun cas un gage de compétence. Mon but n'est pas de dénigrer, juste de constater avec un oeil pragmatique (le mien) ce qui se déroule dans les refuges de la création jusqu'à ... si vous comptez vous lancer dans l'aventure au moins vous aurez été prévenu

Plusieurs acteurs interviennent dans un refuge, commençons par le commencement

LEPRESIDENT DIRECTEUR GENERAL, CREATEUR

Un beau jour, après plus ou moins de réflexion, quelqu'un décide de créer un refuge. La raison en est toujours la même, une prise de conscience de l'ampleur de la misère des chevaux et surtout la volonté de faire autrement càd MIEUX que tout ce qui existe déjà. Le PDG est persuadé d'avoir vu la lumière, d'avoir compris mieux que tous les autres ce qui est bon pour les chevaux et comment il va faire pour venir en aide à un maximum de chevaux en se montrant exemplaire aux yeux du public qui va enfin comprendre comment on fait pour bien faire et le suivra financièrement et physiquement car on ne pourra que se prosterner devant tant de perfection.

Le PDG a suivi toutes les campagnes menées, que ce soit le 'non un cheval ça ne se mange pas' jusqu'aux saisies diverses et variées répercutées par le net ou les medias. Généralement ce n'est pas un 'homme de cheval' muni d'une expérience enviable tant au niveau vétérinaire qu'au niveau 'éthologique', tout au plus a-t-il sauvé un ou 2 chevaux et veut-il multiplier cette heureuse expérience à l'infini. Parfois il a été bénévole dans un autre refuge, exclu des décisions fondamentales, relégué au nettoyage du box et au coup de brosse à son filleul cheval qu'il vient rencontrer une fois par semaine. Il n'a jamais géré une écurie entière, n'a généralement pas suivi de formation appropriée à ce sujet et son plan financier est des plus légers. Mais de tout façon IL SAIT, il sait tout sur tout, il n'a besoin ni de conseils ni d'apprentissage, son amour des chevaux va tout régler et tout arranger.
Sa première action ne sera donc pas de faire des stages chez des professionnels ou d'autres refuges mais bien de créer sa propre asbl de façon à pouvoir signer ses mails de son nom assorti du mot 'président', pcq finalement ça en jette ...
Voilà donc la base jetée, l'asbl existe, elle a un président, yapluka.
Le premier cheval arrive, les amis s'enthousiasment et félicitent le président. Ils s'engagent à parrainer le chanceux qui a été sauvé de l'enfer, en parlent autour d'eux et l'effet boule de neige se met en route. Tous ceux qui ont ou connaissent un cheval 'à sauver', vont contacter le nouveau président, les vieux chevaux de manège, les naviculaires réformés d'obstacle, tous les 'unwanted horses' vont lui être proposés. Le président va se sentir pousser des ailes, on parle de lui, on le tag sur Facebook, lui pourra faire quelque chose, tous les autres ont dit non, lui va dire oui ... et les félicitations de pleuvoir ...et les chevaux d'arriver et au bout de quelques semaines ou quelques mois la situation va devenir problématique tant au niveau de l'infrastructure, que de la charge de travail et surtout des finances.

Parce que la motivation première du président c'était d'être connu et reconnu, respecté pour ses compétences, admiré pour son dévouement, plaint pour l'énorme charge de travail que représentent tous ces équidés à sauver et à soigner, bref exister aux yeux des gens.
Il se voyait déjà volant d'un coin à l'autre du pays porter secours aux malheureux équidés pendant qu'une armée de bénévoles compétents et motivés font tourner le refuge, encensé par la presse, expliquant aux ministres incompétents les nouvelles loi à voter, les réglementations à changer. Respecté de tous, admiré, adulé même, rassembleur de foules, exemplaire en tous point et cité en exemple même au delà des frontières.

Mais une association n'est rien si elle n'a qu'un président (ça, il va falloir qu'il l'apprenne) car un autre intervenant incontournable participe à la vie du refuge : le bénévole.

LE BENEVOLE

Certains refuges ayant réussi à bien faire prospérer leur entreprise (la majorité des cas sont des refuges chiens/chats s'étant adjoint une partie 'chevaux') peuvent se payer le luxe d'avoir des salariés dans leur entreprise. Ils sont souvent payés une misère (dans le cadre de remise au travail des chômeurs de longue durée), rarement compétents dans le domaine des chevaux (on apprend sur le tas ...de fumier) mais ils sont payés pour le boulot qu'ils abattent quotidiennement et doivent obéir au patron.

Le bénévole, le vrai, il vient proposer son aide au refuge sur son temps libre, gratuitement, uniquement motivé par son amour des animaux. Il a entendu parlé de ce nouveau refuge, de ses magnifiques actions et admire le président sans même le connaitre. Il se fait donc une image idyllique de la vie au refuge ou, s'il a déjà été bénévole ailleurs (les bénévoles sont des oiseaux migrateurs qui voyagent de refuge en refuge à la recherche d'un Graal impossible) il se dit que ce refuge là va être différent. Sa motivation c'est d'aider les animaux mais aussi d'être reconnu pour ce qu'il fait, pour son abnégation et participer aux sauvetages. Quand on lui explique que la vie d'un refuge c'est 90% de travaux de nettoyage et 9% de bricolage il se dit que lui est venu pour le 1% de soins aux chevaux, de sauvetage et de photo dans la gazette. Il a du mal à accepter que le président ne lui accorde que peu de temps, oublie le plus souvent de le remercier et de le valoriser pour ce qu'il a fait et surtout lui fasse des reproches pcq il ne vient pas les jours de communion du neveu, d'anniversaire de la grand-mère, de réunion d'anciens élèves, de vacances, de pluie, de froid, de rhume etc ...
Bref le bénévole fait du bénévolat comme un hobby et vient donc quand il le peut. Il a l'impression de se coltiner toutes les tâches ingrates (comme le nettoyage des box, le balayage de la cour etc), d'être tenu à l'écart de toutes les décisions importantes du refuge et d'être considéré par le président comme un mandaï, celui-ci ayant beaucoup plus de considération pour le donateur ou le sponsor ...
Et nous voilà donc arrivé au troisième acteur principal de cette épopée

LE DONATEUR

Comme partout, le nerf de la guerre dans un refuge c'est l'argent. Tous les refuges, tout le temps, doivent se battre pour trouver de l'argent. Il n'y en a jamais assez. On lorgne sur le voisin qui s'est fait construire X nouveaux box, ou un manège couvert pour la détente des chevaux, celui qui a reçu plusieurs tonnes d'aliments, a pu se permettre de financer de grosses opérations en clinique pour les chevaux ou tout simplement celui qui arrive à boucler ses fins de mois sans pleurnicher.

Chez certains l'argent sembler rentrer à flot alors que d'autres rament et attaquent la falaise.

Des donateurs il y en a de toute sortes. La majorité est celui qui verse 5€ de temps en temps, pour faire sa BA et participer à sa façon ponctuelle à un problème ponctuel (un sauvetage, une opération, l'achat du foin pour l'hiver). Ils sont les gouttes d'eau qui forment les petits ruisseaux. Mais les frais d'un refuge c'est une grande rivière qui coule toute l'année, 24h sur 24, 7 jours sur 7.
Le président doit donc multiplier les 'bons plans' pour alimenter ce torrent incessant. On organise des ventes au profit de, un crow founding sur Face Book (qui contrairement à ce qu'on raconte ne rapporte quasi rien), on cherche des parrains pour les chevaux (mais un parrainage de 10€/mois pour un cheval dont l'entretien coûte entre 100 et 150€/mois ...) et on se rend compte que les parrains sont aussi voyageurs que les bénévoles, dès qu'il se passe quelque chose de plus passionnant dans un autre refuge on transfère son parrainage ailleurs. Restent les fêtes de Noël et autres journées portes ouvertes ou les repas parrain/marraine pour motiver les donateurs existants. Pour avoir du monde à sa propre manifestation il est de bon ton d'aller aux manifestations des autres. Par tout un système complexe et non écrit de renvoi d'ascenseur on se doit non seulement d'être présent aux manifestations des autres, mais aussi de se partager le claendrier afin d'éviter que tout le monde fasse sa JPO ou sa fête de Noël le même jour, on partage (ou pas selon ses affinités) mes événements des autres sur sa page FB. On vérifie qui a partagé ou pas partagé quoi et on règle ses comptes en faisant pareil envers la concurrence plus ou moins amie. Sous le slogan : nous nous battons tous pour la même cause se cache une politique digne des plus grands partis ...

Et puis il y a les 'gros donateurs' ou 'sponsors' ou 'légataires'. Qu'ils soient entreprise ou particulier, qu'il donne de son vivant ou après sa mort c'est lui, ou eux qui font  réellement la pluie et le beau temps dans un refuge. C'est à eux que sont destinés les publications, campagnes, actions. Tout est mis en oeuvre pour les garder et éviter à tout prix de s'attirer leurs foudres et voir ainsi toute la structure du refuge s'effondrer comme un château de cartes. On a beau dire, dans un refuge tout est interchangeable sauf le grand donateur. Il n'a donc pour interlocuteur que le président, le vulgus pecum ignore jusqu'à son existence, il est le deus ex machina du refuge, l'Arlésienne ou le poisson volant, on connait ou soupçonne son existence mais on n'en parle pas, enfin pas directement et surtout on fait tout, absolument tout pour se le garder.

LA MORALE DE CETTE HISTOIRE ... larilette, larilette ...

C'est qu'au moins vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas, qu'on ne vous a rien expliqué.

Que lors de la création d'un refuge 3 scénarios sont possibles après un premier démarrage en fanfare habituel.

Soit le président se rend compte que tout ça n'est rien pour lui, que les intrigues, la course à l'argent et à la notoriété ne sont rien pour lui. Mais comme son amour pour les chevaux est réel il continue à faire vivre ceux qu'il a sauvés, n'en reprend plus d'autres et tente de mettre fin en douceur à une aventure qui n'était pas la sienne. Tout le monde peut se tromper ...

Soit le président compte, comme mère Teresa, sur la 'providence' pour veiller sur une quantité exponentielle de chevaux, il en rentre des nouveaux (le plus représentatifs possible, gravement malades ou blessé, d'une race ou d'une robe qui suscite l'engouement), il louche sur la copie du voisin et tente de faire pareil ..entretemps les chevaux vivotent ou survivent (quand ils ne crèvent pas carrément la misère tant l'argent manque), ils ne sont pas le 'moteur' du président, juste un faire valoir, une tentative d'exister aux yeux des gens, de se sentir admiré, glorifié, extraordinaire ...avec la peur d'être rejeté si on admet qu'on n'y arrive pas, que les dettes se sont accumulées et qu'on n'a pas les compétences nécessaires pour mener à bien une entreprise qui nous a dépassé. Cette histoire là se termine soit en saisie (un comble) de chevaux qui sont encore en plus mauvais état après leur passage au refuge qu'avant. Soit en disparition pure et simple des chevaux et du président, ne restant que l'ardoise d'impayés.

Soit le président, en bon chef d'entreprise, arrive à mettre en place une saine gestion des entrées et des sorties, a un sens inné de la communication efficace et parvient à attirer et garder les donateurs indispensables à la pérennité de l'oeuvre. Il aurait tout aussi bien pu ouvrir n'importe quelle autre PME. Il ne connait pas 'ses' bénévoles, ne se préoccupe pas de l'état de santé de ses pensionnaires, il y a des gens payés pour ça. Il ne voit et ne vit que par les chiffres, côtoie les 'grands' de ce monde, fait de la 'protection politique' ou les réunions sont plus importantes que la colique de 'Hope' (tout refuge a un cheval qui s'appelle Hope), bref il s'est élevé très loin au-dessus du fumier qui fait le quotidien des bénévoles et des présidents qui n'ont pas eu son succès mais il déteste du fond de son petit coeur tous ceux qui ne se prosternent pas devant sa grandeur. Il s'est auto-proclamé roi de la protection, il est le seul l'unique le vrai, celui qui a tout compris et ne tolère dans son monde que ceux qui lui ont prêté allégeance, n'hésitant pas à user de toutes les ficelles à sa portée pour faire tomber ses ennemis.

Ceci était ma vision de la protection des chevaux en Belgique toute ressemblance etc ...

samedi 3 décembre 2016

Quand l'animal devient déchet

QUAND L'ANIMAL DEVIENT DECHET
Je vous parle en tant que personne 'lambda' consciente du monde dans lequel nous vivons et qui se dit que pire que la mort il y a la souffrance. Donc inutile de me dire 'go vegan'.
Quand je regarde le grand scandale d'Ogy, je constate que les gens, ce qui les indigne le plus c'est que ces chevaux sont promis à la boucherie et que même si leur état est loin d'être aussi catastrophique qu'on a essayé de nous le faire croire, si on les rend au marchand ils iront à la boucherie.
Depuis qu'Ogy est 'fermé' il y a 4 chevaux à donner et 2 juments d'élevage de 20ans à vendre à 200€. Des chevaux dont plus personne ne veut pcq ils ne servent plus à rien. Et là où tout le monde s'est battu pour récupérer des chevaux d'Ogy pour participer au buzzz il n'y a personne pour récupérer ces chevaux là (qui sont l'exemple typique de ceux qui ont été saisis).
D'autres disent que sauver des chevaux de la boucherie ne sert à rien car il y a un certain 'tonnage' de demande et qu'en sauver un signifie en condamner un autre. C'est vrai et ce n'est pas vrai, car ces gens là ne voient la viande de cheval que sous forme de 'morceaux nobles' dont la demande est effectivement assez constante et où l'offre diminue de plus en plus car le nombre des chevaux exclus de la chaine alimentaire pour une raison X ou Y augmente avec la quantité de paperasserie nécessaire à la traçabilité. Donc, effectivement, racheter un cheval de boucherie élevé pour n'a pas de sens sinon pour ce cheval là en particulier.
Par contre dans tout ce qui est 'viande animale et sous produits animaux' qu'on retrouve dans toute une série de préparations, de pet food etc on prend 'ce qui tombe sous la main' donc aussi du cheval dont la qualité 'boucherie' est moindre sinon nulle, juste pour 'débarrasser' la planète de ces chevaux devenus encombrants et dont personne ne veut. Ces chevaux devenus 'déchets'.
Il en va de même pour les poules.
Oui ces animaux misérables, entassés par dizines voir centaines de milliers dans des batiments fermés. Serrés comme dans une rame de métro à l'heure de pointe.
Les gens ont généralement bien compris qu'on n'achète pas des oeufs issus de batterie et les grands magasins n'en vendent quasiment plus et pourtant la production d'oeuf est toujours un secteur porteur. Pourquoi, pcq ces oeufs à très bas prix sont utilisés dans tous les plats préparés, dans la mayo, les pâtes, les biscuits et pâtisserie, jusque dans votre shampoing parfois ...
Au bout d'un an de production, ces poules ne pondent plus à 100% et ne sont donc plus 'rentables', elles sont évacuées et recyclées en 'poulet reconstitué', fond de volaille ou l'éternel pet-food, la grande poubelle de l'agro-alimentaire.
Ces poules aussi sont devenues 'déchet' et sont évacuées de la planète pour laisser la place aux jeunes. Je ne reproche rien à personne, je dis juste que l'animal déchet existe et que si les éboueurs de ces déchets sont arrêtés d'un côté d'autres refleuriront ailleurs, autrement. Tout simplement pcq la 'valorisation' des déchets fait partie de la société, pcq il y a toujours eu des 'décharges sauvages' et des scandales de déchets 'toxiques', pcq personne ne veut payer pour une gestion saine des 'déchets', quels qu'ils soient.

Les gens ne veulent pas savoir

Les gens ne veulent pas savoir ...


Je parcourais les commentaires laissés sur le mur d'AEP au sujet du sauvetage du poulain frison. Et je me rends compte qu'en fait les gens sont ignorants ... à côté des habituelles propositions de torture diverses et variées à l'encontre des proprios on lit souvent 'ils n'avaient qu'à demander de l'aide' , ils n'avaient qu'à les donner, les vendre etc ...ben oui yakafokon.
Bon un bébé frison il y aurait eu du monde au portillon, celui avec son 'tour de rein' déjà nettement moins mais tous ces autres chevaux saisis (ou retrouvés chez les marchands dans des états pas possibles), si c'était si simple de les donner, de demander de l'aide ou de les vendre vous pensez vraiment que les gens attendraient que les flics débarquent chez eux pour se faire clouer au pilori virtuel de FB ? Pour que tout le village, les collègues, les commerçants les regardent de travers et avoir sa réputation définitivement bousillée ?
Si il était aussi simple de se 'débarrasser' d'un cheval auprès d'un refuge comme on peut le faire d'un chien ou d'un chat il y en aurait probablement moins qui pataugent dans leur m*** en hiver et sucent des cailloux en été.
Alors soit 'on' trouve une porte de sortie honorable (genre pet food) soit 'on' met en place une structure type 'fourrière' où on peut abandonner tout cheval qu'on ne désire plus garder.
Chaque hiver les refuges font des constats effrayants du nombre de demandes d'abandon de chevaux et tous répondent en chœur 'plus de place' et après on s'étonne de retrouver des chevaux maltraités et saisis ... faut-il en arriver là pour qu'une place soit miraculeusement disponible dans les refuges ? n'est-ce pas finalement un 'pousse au crime' ? (d'après l'article d'RTL la femme aurait en quelque sorte organisé la saisie des chevaux dont elle n'arrivait plus à s'occuper)

Abattage des animaux de rente plus éthique ?

On me parlait de plus en plus d'abattage de bovins à la ferme au Danemark, j'ai donc décidé de creuser un peu l'affaire.


1 Historique


Avant tout il y a l'Europe et ses réglementations, directives et autres lois qui ont changé pas mal de choses dans le processus d'abattage. D'autre part il y a la notion du tout au moindre prix avec un max de rentabilité.


Ces 2 notions ensemble ont fermé la plupart des petits abattoirs de proximité (trop de frais à prévoir pour mettre aux normes Européennes, trop peu de rentabilité). Ces abattoirs à taille humaine où on se connaissait, ou on prenait soin de faire les choses correctement, à son rythme et dans un certain respect.


Maintenant le mode est à l'élevage et l'abattage industriel, tout est calibré, minuté, calculé pour avoir un maximum de rendement pour un investissement minimum. Les animaux doivent correspondre à des critères bien définis pour rentrer dans des chaines d'abattage standardisé. Ni trop grands, ni trop petits, ni trop gros ni trop maigres sinon ça dérègle toute l'histoire. Même chanson que pour les fruits et légumes 'moches' qu'on réfère jeter à la poubelle.


Donc d'après la législation tout animal destiné à la consommation humaine doit être envoyé à l'abattoir. Chaque abattoir est agréé pour un ou plusieurs types d'animaux.
La législation en terme de bien-être animal est particulièrement bien faite, si elle était appliquée on se croirait à bisounoursland. Mais L214 est arrivée avec ses images choc de videos tournées dans des abattoirs et non seulement la France mais une bonne partie de l'Europe s'est réveillée.
est donc revenu sur la table la notion d'abattage éthique, les gens désireux de continuer à manger de la viande sans cautionner ce genre de massacre à la chaîne.


2 Qui peut tuer quoi ?


Les abattages d’animaux pour usage privé, c’est-à-dire pour les besoins exclusifs du propriétaire de l’animal, peuvent être effectués dans un abattoir ou au domicile du propriétaire. Seul les abattages de volailles, de gibiers d’élevage, de lapins, de porcs, de chèvres et de moutons peuvent être effectués à domicile.
ceci bien sûr accompagné de toute une série de réglementations et limitations (différentes selon les états membres) mais ça n'est absolument pas interdit.

Il est aussi autorisé d'abattre sur l'exploitation du gibier d'élevage ainsi que les animaux réputés 'dangereux' (par exemple les bisons) destinés à la consommation publique.
Donc des dérogations à la loi existent et une entreprise suédoise a lancé le premier abattoir mobile où les vaches n'iraient plus à l'abattoir mais l'abattoir viendrait aux vaches. (N.B. les vaches et chevaux ne peuvent pas être abattus à domicile même pour consommation perso).
Mes notions de Suédois étant limitées je n'ai pas trouvé par quel miracle ils ont réussi à 'contourner' ou aménager les directives européennes mais ça a marché puisque ça fonctionne depuis 2013.

3 L'abattoir à domicile



La version Suédoise de l'abattoir mobile est la plus sophistiquée. Elle consiste en 2 containers qu'on peut coupler une fois arriver sur place pour y pratiquer l'abattage, la saignée et la découpe des bovins directement sur place. Le module étant autonome en eau et en électricité (donc pas de pollution extérieure). Un module peut abattre +- 30 bovins par jour. L'idée c'est que plusieurs producteurs s'associeraient pour faire abattre les bêtes à domicile et ainsi rentabiliser un module. La viande est vendue par le propriétaire de l'abattoir mobile. L'idée a fait des émules puisque la France est en train de faire les démarches pour mettre en route le même type de module sous l'appellation 'le boeuf ethique'.


En Suisse en en Allemagne une formule plus 'basique' a été mise en place qui permet l'abattage et la saignée à domicile mais oblige le producteur a conduire la carcasse en moins d'une heure dans l'abattoir le plus proche dans un caisson spécialement étudié à cet effet pour y être inspecté et découpé. Là ça devient donc extrêmement 'artisanal' dans le sens où il n'y a pas beaucoup de bêtes par jour qui peuvent être ainsi abattues et conduites (les carcasses ne pouvant pas se toucher pour des questions de contamination). Plus artisanal pour un investissement moindre et moins de paperasseries même si celles-ci sont incontournables.
Dans la pratique l'animal est abattu au sein du troupeau d'un coup de fusil, le corps rapidement suspendu et saigné avant d'être mis dans le container ad hoc et conduit à l'abattoir.
En Allemagne cette pratique n'est autorisée (pour l'instant) que pour les vaches vivant toute l'année à l'extérieur (et donc assimilée à des animaux sauvages/gibier), les fermiers travaillant avec des stabulations libres donnant sur l'extérieur sont déboutés car leurs vaches habituées à rentrer en stabulations pourraient être facilement embarquées et conduites à l'abattoir.
On voit donc qu'il y a d'une part le souci du producteur du bien être de ses animaux et de la qualité de la viande produite et d'autre part la sacro-sainte sécurité de la chaîne alimentaire.

4 Quel avantage et pour qui ?

Premier avantage : pour l'animal.
Il existe bien sûr des exploitations dégueulasses où l'animal est délivré d'une vie de misère par un dernier voyage à l'abattoir. Mais ceux-là ne seront de toute façon pas intéressés de payer plus pour gagner moins avec plus de contraintes de l'abattage à domicile.
Par contre pour les filières locales, bio, écolo, slow food etc, ces endroits où les animaux sont traités correctement, peuvent passer tout ou la majeur partie de leur vie en prairie, voire les mères élever leur veau au pis. Bref ces structures qui s'occupent réellement d'offrir à leurs animaux une vie digne, le départ pour l'abattoir est en quelque sorte anti-philosophique, puisque leur animal ne sera plus qu'un numéro parmi tant d'autres, poussé, tapé, empilé au milieu des autres avec tout le stress, la souffrance physique et psychologique qui s'en suit et qui entrainera une énorme perte de qualité de la viande ...
Etre abattu à la ferme ne stresse pas l'animal (à condition bien sûr que le tireur sache ce qu'il fait), il meurt au milieu de ses congénères, dans un endroit connu, entouré de personnes connues. Une fois qu'il est mort le stress n'a plus lieu d'être et le fait de conduire la carcasse à l'abattoir ou de le découper sur place n'est finalement qu'une question économique.

Deuxième avantage: pour le producteur
Ceux qui ont pris soin de leurs animaux peuvent suivre leur droite ligne de conduite et proposer à la vente un produit qui sort du lot, avec un minimum d'intermédiaires, une traçabilité compréhensible même par les non initiés pour un prix, je l'espère, plus juste. Bref être payé correctement pour un produit de qualité.

Troisième avantage: pour le consom'acteur
Celui qui, pour des raisons qui lui sont propres, ne veut pas devenir végétarien mais veut manger un produit sain, traçable, élevé selon des valeurs étiques (bio, local etc) et sortir de l'engrenage industriel.